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Date : 1872 Plus grand éleveur individuel des Cantons-de-l'Est, Matthew Cochrane fit aussi de la politique et brassa des affaires à la grandeur du continent américain, de l'industrie du cuir à Boston, aux premiers ranchs en Alberta, en passant par l'industrie de la chaussure à Montréal. Fils aîné d'un immigrant irlandais, Matthew est né à Compton en 1823 et dès 1841, à l'âge de 18 ans, il part faire fortune dans la région de Boston. Il s'y marie en 1849 avec Cynthia Whitney de Lovell avec laquelle il aura six filles et trois fils. Durant les treize années qu'il passe aux États-Unis, il acquiert une richesse suffisante pour établir une manufacture de chaussures à Montréal en 1854, en association avec Samuel Smith, également de Compton. Il rassemble la somme initiale de 9000 $ pour démarrer la compagnie. De 1859 à 1880, son entreprise voit sa production passer de 200 000 $ à 400 000 $ et au milieu des années 1880, la cie Cochrane,Cassils and Compagy emploie 300 personnes et génère des profits de 500,000$/an. Charles cassils, nouvel associé en remplacement de Samuel Smith décédé en 1868, devient le gendre de Matthew en 1876 et futur associé dans les ranchs de l'Ouest. Le grand éleveur de Compton - En 1864 il achète, près de la ferme paternelle, un domaine qu'il va progressivement agrandir : Hillhurst. Exemple d'efficacité, de propreté et d'organisation scientifique, il y élève des vaches Rosedale, des moutons Cotswold, Southdown, Leicester et Lincoln, des chevaux Suffolk et des porcs Berkshire. Mais c'est avec les boeufs de race Shorthorn, dont il veut être le premier éleveur en Amérique, qu'il fera le plus de profit à ses débuts dans l'élevage. Ainsi en 1867 il commence à acheter des animaux de cette lignée en Angleterre et y retourne l'année suivante pour y acheter 1 1 Shorthorns, dont Duchess 97 qu'il paie 5 250 $, soit le plus haut prix jamais déboursé pour une femelle d'élevage. En 1870 il y achète encore 63 bêtes de cette race pour 60 000 $. Rappelons qu'une ferme de cette époque coûte environ 2 000 $. Il fera de gros gains avec ces acquisitions. Ainsi six plus tard, il vend cinq de ces bêtes à des prix records. En 1877, il vend 42 bêtes en Grande-Bretagne pour 70 000 $. Certains animaux seront vendus jusqu'à 20 000 $ chacun. Il élève aussi d'importants troupeaux d'Angus (1880) et importe en 1881des Homless Black Cattle (peut-être des Holsteins). En plus de se déplacer à différents encans, dont celui de Toronto, il tient depuis 1866 des encans annuels sur son domaine de Hillhurst. Il y organise des réceptions somptueuses pour ses visiteurs qui proviennent de tout le continent. Ils sont si nombreux que les hôtels de toute la région sont alors combles. Son domaine va bientôt atteindre 1 1 00 acres et faire de lui le plus grand propriétaire foncier du comté. En 1871, on y retrouve deux sucreries, une fromagerie, un rond de course pour entraîner les chevaux, 500 bêtes, une vaste demeure de 15 pièces comprenant deux foyers avec base en marbre rouge et noir, qui engloutissent 75 cordes par hiver et 13 employés, dont une infirmière, une gouvernante et une cuisinière. Un homme politique et social - Partisan conservateur, il est nommé sénateur en 1872 et le demeure jusqu'à sa mort. Représentant la circonscription de Wellington (Estrie), il déclare en 1896 qu'en 24 ans, il n'a pris la parole à Ottawa qu'à une ou deux reprises seulement. En plus de l'élevage et de la politique, Matthew occupe divers postes de direction dont celui de vice-président de la Eastern Towship Bank et de président de la Canadian Meat and Produce à Sherbrooke. Il fut aussi administrateur du Bishop College School, de l'hôpital protestant de Sherbrooke et du Compton Ladie's College. Il donne d'ailleurs 2 000 $ pour la construction de cette dernière institution en 1874. Grâce à ses contacts politiques et au développement du chemin de fer dans l'Ouest canadien, il entrevoit avant les autres les possibilités d'élevage et de profit qu'offre l'Alberta. Il s'y rend dès 1881 pour y développer des ranchs d'élevage. Important alors le plus grand troupeau de race au pays, il crée le Cochrane Ranch Company, qui fait de lui le deuxième éleveur de l'Alberta vers 1890, avec 204 500 acres et 10 433 bestiaux. La fin d'un empire- Malheureusement, son empire fut dissous après sa mort. On vend ses 60 000 acres en Alberta à des Mormons, pour 360 000 $. Son fils James, qui administre ses affaires au Québec, vend en 1906 son domaine de Compton pour 25 000 $ à M. Léger Loubier de St- Benoît-Labre en Beauce. La maison eut comme nouveau propriétaire M. Joseph Bureau, puis en 1929 elle passa à la famille Veilleux qui occupe toujours l'emplacement de la maison. Cette dernière s'étant passablement délabrée avec les années, la famille Veilleux la démolit vers 1940. Au printemps 2001, la dernière grange du domaine initial du sénateur est démolie. Source : Glenbow Museum, Art Gallery, Library and Archives.
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